Autant les pays de la zone euro, en signant le traité de Maastricht, ont abandonné toute capacité à mener une politique monétaire, autant les Etats-Unis continuent largement à la pratiquer. Cette divergence en montre bien l’utilité, malheureusement pour notre continent.
L’exemple étasunien
Bien sûr, les Etats-Unis ne sont en aucun cas un exemple pour leur politique économique, dont les excès sont extrêmement nombreux (libéralisation financière, inégalités, panne de l’ascenseur social, système de sécurité sociale extraordinairement cher, peu efficace et injuste…etc). Néanmoins, il est un domaine où ce pays peut encore en remontrer aux pays européens : c’est bien la politique monétaire, même si, l’on conteste sévèrement l’indépendance de la Fed.
En effet, alors que la BCE ne se préoccupe que d’inflation (bêtement qui plus est), la Fed cherche à stimuler la croissance et à lutter contre le chômage. En outre, elle défend les intérêts nationaux et n’hésite pas à recourir à la planche à billets pour aider le pays. C’est ainsi qu’elle s’apprête à acheter pour 600 milliards de dollars de Bons du Trésor. Même si elle ne va pas aussi loin que ce que propose André-Jacques Holbecq, cette intervention est extrêmement utile pour l’économie étasunienne.
Certes, la Fed ne va pas prêter gratuitement cet argent au pays, mais ces achats ont un double effet positif. Tout d’abord, ils font baisser les taux d’intérêts des bons du Trésor, allégeant le fardeau des intérêts à un moment crucial où toute hausse pourrait être très déséquilibrante. C’est ainsi qu’ils sont tombés à seulement 2.6% à peine 0.2 points au-dessus des taux Allemands. Ensuite, cela contribue à affaiblir le dollar, et donc à pousser les exportations du pays tout en freinant les importations.
Le contre-exemple européen
Le problème est que l’Europe s’engage de manière absurde dans une rigueur budgétaire sans véritablement utiliser la politique monétaire pour contrebalancer l’effet de la vague d’austérité qui s’empare du continent. En effet, la BCE, comme l’Allemagne, rechignent à utiliser la planche à billets pour réduire les taux ou faire baisser l’euro. C’est ainsi que la monnaie unique devient de plus en plus chère. The Economist a ainsi estimé la surévaluation de l’euro par rapport au dollar à 29%...
Laurent Pinsolle